Shaykh As Shâtirî:
Dés lors que la position des pieux prédécesseurs sur la réalité de la foi a bien été établie, il apparait que ceux qui la contredisent se répartissent entre deux courants déviants : la doctrine des wa3īdīya et la doctrine des murji’ia.
- Concernant la doctrine des wa3idiya parmi les kharijites et les mu‘tazilites: ils affirment que celui qui commet un grand péché sort de la foi et mérite de demeurer éternellement dans le feu de l’enfer.
Les kharijites parmi eux disent : « Il est mécréant », tandis que les mu‘tazilites disent : « Il est dans un statut intermédiaire entre deux statuts (entre la foi et la mécréance)». Et ce qui est étonnant est que les mu‘tazilites se nomment eux-mêmes les gens de la justice puis ils disent : « Celui qui commet un grand péché, toutes ses bonnes actions sont annulées, même si elles étaient comme les montagnes. »
Cette doctrine des wa‘īdiyya est invalide, au vue des textes clairs et abondants prouvant que celui qui accomplit un grand péché ne sort pas nécessairement de la foi.
C’est pourquoi les peines légales de la charia, comme le talion ou les peines légales, s’appliquent au meurtrier, au voleur, au fornicateur, au calomniateur et au buveur d’alcool. Et s’il était sorti de la foi à cause du grand péché , on lui aurait appliqué la peine de l’apostasie et il aurait été mis à mort. Or, ces peines là ne lui sont pas appliquées.
Prenons par exemple le meurtre, qui est un crime extrêmement grave. Le Prophète ﷺ a dit : « Le musulman demeure dans une vaste étendue (de miséricorde d’Allâh) dans sa religion tant qu’il n’a pas versé de sang interdit. » (Rapporté par al-Boukhârî, 6862, d’après le hadîth dIbn ‘Umar]
Et malgré cela, les textes qualifient encore le meurtrier de croyant. Et lorsqu’Allâh Ta’âlã a rendu obligatoire le talion, Il s’adressa au meurtrier et aux ayants droits de la victime en disant:{ ô vous qui avez cru, le talion vous a été prescrit pour le meurtre} puis Il a dit: {Mais celui à qui son frère aura pardonné en quelque façon doit faire face à une requête convenable} [trad relative sourate 2, v.178]. Il n’a donc pas exclu le meurtrier de ceux qui ont cru et Il lui a affirmé la fraternité (religieuse).
Et Il a dit : {et si deux groupes de croyants se combattent} (trad relative s.49, v.9): Il leur a maintenu le nom de croyant bien qu’ils se soient combattus entre eux.
Jusqu’à dire: {les croyants ne sont que des frères. Etablissez la concorde entre vos frères} (trad relative s.49, v.10).
Et parmi les textes les plus explicites pour réfuter le courant wa‘īdī, il y a la Parole d’Allâh Ta’âlã :{ Ensuite, Nous fîmes héritiers du Livre ceux de Nos serviteurs que Nous avons choisis. Il en est parmi eux qui font du tort à eux-mêmes, d’autres qui se tiennent sur une voie moyenne, et d’autres avec la permission d’Allâh devancent [tous les autres] par leurs bonnes actions} (trad relative s.35, v.32). Il a ainsi compté parmi les gens de cette communauté l l’injuste (le pécheur) envers lui-même.
Et Il Ta’âlâ a dit :{Certes Allâh ne pardonne pas qu’on Lui donne quelqu’associé. A part cela, Il pardonne à qui Il veut} (trad relat s.4, v.48): ce verset ne concerne pas les repentants, car le repentir efface le péché, et ce même s’il s’agit du polythéisme.
Et l’on craint pour les wa3īdīya à cause du hadîth de Jundub, qu’Allâh l’agrée, que le Prophète ﷺ a dit : « Un homme a dit : Par Allâh, Allâh ne pardonnera pas à untel ». Alors Allâh Azza wa Jal dit :« Qui ose jurer que Je ne pardonnerai pas à untel ? Je lui ai certes pardonné, et J’ai annulé tes œuvres. » (Rapporté par Muslim, n°2621)
Et dans une autre version, Abou Houreyra dit à la fin : « Il a prononcé un mot qui a ruiné sa vie d’ici-bas et son au-delà » (Rapporté par Abou Dâwoud, 4901 ; Ahmad 2/322 ; Ibn Hibbân 2/572; hadith d’Abou Houreyra dont la chaîne de transmission est jugée bonne).